vendredi 1 mai 2015
La femme découpée (1920-1930).
En 1920, le prestidigitateur anglais Selbit (Percy Thomas Tibbles 1881-1938) marque son époque « magique » avec une innovation sanglante : une grande illusion durant laquelle il scie par le milieu du corps, une jeune femme enfermée dans une caisse, prenant soin de montrer séparément les deux morceaux du mobilier à un public médusé.
Sur la femme découpée, le périodique Lecture pour Tous (revue universelle et populaire illustrée) destiné comme son nom l’indique à un large public, ne se prive pas de débiner le truc en juin 1926.
« Une femme est glissée dans un réceptacle transparent sur glissières tenus par deux personnes ; il semble que dans ces conditions aucun truquage ne soit possible. On pense bien qu’il y en a forcément un : la femme couchée est une acrobate très souple ; au moment où va se faire le prétendu sectionnement, les vitres de la caisse sont comme accidentellement voilées — le sujet se replie sur lui-même dans l’intérieur du demi-coffre de droite, alors qu’une autre femme cachée dans la moitié de gauche du canapé passe ses pieds à la place de ceux de sa camarade.
Mais, comment cela peut-il se faire, puisque les pieds et la tête sont tenus, visibles extérieurement ?
Tout simplement ainsi : sous prétexte de bien montrer au public qu’il n’y a aucun mécanisme, les deux témoins abandonnent un instant le contact, l’opérateur et le groom font tourner tout l’appareil sur lui-même, grâce aux roulettes dont il est muni, et c’est au moment précis où les pieds sont du côté opposé au public, vers la coulisse, que la femme couchée retire ses pieds et que l’autre montre les siens. Ce mouvement bien réglé ne demande pas plus d’une seconde. La scie peut maintenant passer entre les deux femmes. Lorsque la scie a effectué son trajet, on ferme son passage en glissant deux plaquettes, et l’on sépare tout l’appareil en deux pour montrer que la section est complète. Immédiatement on réunit les deux parties ; les plaquettes sont enlevées, l’appareil est de nouveau tourné et pendant ce mouvement, les femmes reprennent leur position première. La femme visible peut alors être retirée de la cage vitrée pour venir saluer le public ».
Cette mise en scène macabre sera ensuite reprise (vers 1924) par Horace Goldin (né Hyman Elias Goldstein 1873-1939) avec une méthode quelque peu différente : le corps de la femme n’est pas totalement occulté dans une caisse, mais partiellement : le public voit pendant le déroulement du tour, les mains, les pieds, la tête (qui bougent continuellement). Une amélioration qui va lui valoir un succès phénoménal.
L'annonce ci-dessus date du 14 juillet 1930 (in Le Matin).
Bibliographie :
Richard Raczynski, Paris, Capitale de l'Art Magique, Dualpha, Paris, 2014.
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