vendredi 31 octobre 2014
L'AQUARIUM, Rue de Paris (Cours de la Reine) exposition universelle 1900.
Cette attraction, de par sa conception, s’inspira en partie des techniques usitées par le monde de l’illusionnisme à l’ère de la fée électrique.
« Le Ier janvier 1899, Messieurs Albert et Henri Guillaume entraient en possession du terrain qui leur avait été concédé sur le Quai de la Conférence pour y établir l’Aquarium de Paris ».
Les promoteurs voulaient que cet Aquarium fut souterrain, car ils tenaient à donner à leurs spectateurs l'illusion des lointaines vues sous-marines.
Les deux concepteurs étaient les frères Guillaume :
Albert (né en 1873) connu pour ses marionnettes impressionnantes (destinées au Théâtre des Bonshommes Guillaume) et Henri (diplômé des Beaux-Arts).
Ce dernier s’attelant à la partie architecturale du projet.
Des travaux préliminaires seront entrepris à l’aide d’une maquette :
« (…) Cette maquette eut un double objet : d'une part, montrer aux administrateurs de l'Exposition et au public autrement que par des descriptions, toujours vagues, ce que serait l'Aquarium de 1900.
D'autre part, permettre aux concessionnaires de rechercher, dans ce modèle, réduit, les divers procédés de décoration pour les premiers plans et l'intérieur des bacs: de se rendre compte de l'effet produit par les bacs garnis de glaces argentées, destinées à donner des impressions de lointains; d'expérimenter les divers systèmes de lumière ».
« Il fallait, au contraire, que les bacs fussent clos de dalles de verre, aussi bien au premier plan, qu'à l'arrière-plan, afin qu'on pût placer derrière ces bacs, des décors qui, avec le secours d'un jeu de glaces réfléchissantes, montreraient, aux yeux étonnés des spectateurs, d'immenses profondeurs d'eau et de lointaines perspectives sous-marines ».
« On voulait (…) Dans cet esprit donner en quelque sorte à l'Aquarium l'aspect d'une clairière sous-marine de forme elliptique ».
« Outre les dalles transparentes, les glaces argentées jouent un rôle important à l'Aquarium. Tous les décors qui se trouvent derrière la tranche d'eau sont tapissés de glaces placées sous certains angles, afin de donner des effets de profondeur à l'infini ».
Sur l’aspect général qu’induit ce jeu de miroirs :
« La salle, ainsi que nous l'avons dit plus haut, est de forme elliptique.
Ses dimensions sont de 25 mètres de longueur sur 12 de largeur.
Cinq cents personnes y tiennent, à l'aise.
La voûte d'entrée et celle de la sortie sont, faites de rochers semblables
à ceux dont est constitué le vestibule ».
« D'autres rochers on forme d'aiguilles ou de basaltes se dressent également en divers points de la salle. A leurs flancs s'attachent les plantes et les êtres de la mer : auprès d'un chapelet de moules s'étalent les éventails jaunes et ajourés des gorgones, et, ça cl, là, apparaissent, contrastant avec la nuance sombre du roc (…)
Jusqu'au milieu de la salle s'avance, profondément enfoncée dans le sable du sol, l'étrave du bateau naufragé, dont, la coque se continue à travers l'un des bacs les plus importants et va se perdre dans une lointaine perspective.
Les cordages, les fragments de voiles, les chaînes, l'ancre, et d’autres éléments, ainsi que la curieuse proue du navire qui porte une naïve statue de bois représentant, une sirène, tout, cela concourt à donner à ce côté de la salle, l'aspect le plus pittoresque elle plus impressionnant ».
Les ruines sous-marines évoquent ici le mythe de l’Atlantide, et au milieu des épaves, on peut voir surgir les travailleurs des fonds marins, les fameux scaphandriers, que la présence de nombreuses sirènes ne semble pas perturber.
On se retrouve ici dans une évocation proche du Luna- Park, comme le remarque l’auteur Pietro Rebondi « (…) Entre le souci des applications scientifiques à l’aquaculture qui ont marqué les premières expositions universelles sous le Second Empire, d’une part, et, de l’autre, la prééminence donnée aux attractions et aux spectacles illusionnistes dans l’Exposition de 1900 ».
Un environnement jouxtant le « Manoir à l’envers » (à la manière Grand – Guignol) et la « Maison du Rire » (dans le style du Chat Noir), entre les ponts des Invalides et de l’Alma.
Notons la présence de deux restaurants (cafés) entourant l’Aquarium (bar -véranda) sous les grandes serres cours la Reine (Palais de l’Horticulture) à l’arrière côté Seine.
Sans omettre Le Théâtre des Bonhommes Guillaume et ses 20.000 marionnettes animées, de l’autre côté de l’aquarium, à proximité du Phono-Cinéma-Théâtre proche de la place de l’Alma.
Les frères Guillaume occupant donc, avec leurs concessions, les deux axes parallèles du terrain (rectangulaire).
« Un théâtre de pantins et d’automates reconstituant des scènes historiques et de la vie parisienne. Due à Mr. Guillaume (dessinateur humoristique) cette attraction était présentée dans un beau pavillon dont on remarquait la frise illustrant sa façade. Entrée : 3 Francs ».
(Affiche présente dans la vente Fechner, lot n°439, Collection Christian Fechner : Magie et Illusionnisme, le 6 Juin 2004, Gros – Delettrez, Paris).
Bibliographie :
Guide-souvenir de l'Aquarium de Paris, Exposition Universelle de 1900,
Paris, 1901.
Pietro Rebondi, Les expositions universelles au XIXe siècle. Techniques. Publics. Patrimoines, sous la direction de Anne Laurent Carré, Marie Sophie Corcy, Christiane Demeulenaere -Douyère et Liliane Perez, Paris, Cnrs Éditions, 2012.
Richard Raczynski, Paris, Capitale de l’Art Magique, Paris, 2014.
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