lundi 18 août 2014
COLIBRI, le prince à la foire Saint-Roch
La foire Saint-Roch, qui a attiré cette année un très-grand nombre de marchands, s'est ouverte sous ces auspices, et la population extra-muros s'est empressée de visiter les nombreuses baraques établies sur l'Esplanade, pendant que la jeunesse de nos campagnes se rendait aux jardins de la Fontaine, où des
orchestres improvisés invitaient au plaisir de la danse.
Parmi tous les objets qui excitent de temps en temps la curiosité à la foiré Saint-Roch, on n'avait encore rien vu de plus intéressant, rien de plus extraordinaire que deux personnages déjà connus sous le nom de Prince et Princesse Colibri.
Ce sont deux petits êtres vraiment remarquables par l'exiguïté de leur taille et de leurs formes, Parfaitement perfectionnés l'un et l'autre, ils laissent loin derrière eux le fameux général Tom Pouce, dont la réputation était européenne, et qui, après tout, Barnum l'a dit, — n'était qu'un enfant de cinq ans.
Chez le prince Colibri, tout est d'une petitesse merveilleuse, excepté pourtant son intelligence, qui est peu en rapport avec l'exiguïté de son être. Il se présente en scène avec un aplomb admirable et sait tirer parti de sa position, en entremêlant ses exercices, de prestidigitations, de saillies qui excitent, à chaque instant l'hilarité du public. Pour notre part, nous avons ri de bon coeur aux airs de matamore que prenait le prince en fumant un cigare presque aussi gros que lui.
(Notons que "Colibri" devint un nom générique derrière lequel se produiront plusieurs générations d'artistes de petite taille).
Sur la présence de prestidigitateurs dans cette même foire, ce second témoignage (2):
« Je n’oublierai de longtemps là foire Saint-Roch.
Je m'étais promis de m'y bien amuser, et je me suis tenu parole; Louise â eu beau faire la raisonnable et protester contre mes goûts, qu'elle appelle frivoles, j'ai passé une heure au manège, ne descendant des chevaux de bois que lorsque j'ai été grisée dé bruit et de mouvement, Grâce aux deux pièces blanches que vous m'aviez données, j'ai pu entrer aux panoramas et voir toutes les grandes villes de France, ainsi que beaucoup d'autres vues (...) un prestidigitateur faisait des tours très amusants; J'étais là depuis quelques instants à peine, lorsqu'il à montré à la foule une poupée en porcelaine, laquelle a été recouverte aussitôt d'une cloche placée devant lui. Le faiseur de prodiges a annoncé que l’intelligente poupée était dans la poche de la jeune fille la plus gentille de l'assemblée; Je regardais curieusement autour de moi pour voir «la tête» qu'allait faire la favorite, j'étais loin de soupçonner que j'étais moi-même cette privilégiée.
Un petit groom à l'oeil malin, s'est planté devant moi, en souriant, et m'a dit d'un ton goguenard : « Vous êtes bien modeste, Mademoiselle, de ne songer qu'à vos voisines ; fouillez-vous donc. » Tous les yeux s'étaient portés sur moi. Un peu interloquée, je n'osais retirer la main de ma poche qui, je ne sais par quel ensorcellement, contenait ladite poupée. J'ai un peu rougi; l'assistance a battu des mains ; on m'a félicitée, et l'auteur de ce tour d'adresse a continué la séance ».
(in 1, L'Éventail : journal des théâtres, de la littérature et des modes, 2, l’École et la famille. Journal d'éducation, d'instruction et de récréation, p. 90).
Bibliographie :
Richard Raczynski, Un Tour du Monde de la Magie et des Illusionnistes, Paris, Dualpha (en trois volumes), 2011-2013
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