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Reflets du Passé

Actualité de l'auteur et de sa collection aux éditions Dualpha, ayant vocation à exhumer des textes toujours d'actualité. Thèmes abordés : Magie,illusionnisme, prestidigitation, ésotérisme. Pour tous contacts avec la rédaction de ce blog, pour poser vos questions, et pour être averti de nos nouvelles mises en ligne : refletsdupasse@gmail.com Attention tous les textes mis en ligne sur ce blog sont soumis au Droit d'Auteur.

samedi 16 juin 2012

NECROMANCIE

Si l’on s’en réfère à Grillot de Givry (1870-1929), dans son ouvrage Le Musée des sorciers, mages et alchimistes (édition Tchou, 1966, p. 173) l’invocation des morts procède immuablement d’opérations liées à la sorcellerie, remontant à l’Antiquité, voire à la nuit des temps. Avec l’évolution des techniques, cette convocation des esprits (à défaut de conversation) se fit par des procédés toujours plus innovants : écritures automatiques (on pense ici au baron Ludwig de Guldenstubbé, 1820-1873), à l’agent Inconnu, (Marie-Louise de Monspey,1733-1813), au spiritisme d’Hippolyte Léon Denizard Rivail dit Allan Kardec (1804-1899)… Si le XVIIIe siècle semble propice à ces improbables découvertes (forme de réactivité irrationnelle face au rationalisme ambiant qui prévalait au siècle des Lumières), le XIXe siècle ne fut pas en reste, avec l’avènement de l’occultisme dit de la Belle époque en forme de fourre-tout. Citons dans cette galerie de personnages emblématiques : Gérard Encausse (dit Papus 1865-1916, In L’Escamoteur, sous la direction de Robelly, années 1947 à 1951, pp. 1142, 1205, 1399), Héléna Petrovna von Hahn (dit Madame Blavatsky, 1831-1891). Il fallait bien que la prestidigitation réponde (en partie) à la demande d’un certain public fasciné, flirtant quelquefois dangereusement avec un mélange des genres, contribuant à imbriquer « magie » et « magistes » comme un ultime rappel aux poncifs de la Renaissance. Certains prestidigitateurs professionnels n’hésitant pas à semer le doute en accréditant la thèse d’une possible voie « parapsychologique », chemin nébuleux par excellence, dans lequel s’engouffrèrent nombreux pseudos professeurs et autres fakirs de circonstance. Pour illustrer cette ambivalence assez répandue, revenons à titre d’exemple, sur les attaques frontales du magicien anglais John Nevil Maskelyne (1839-1917, voir notice) à l’encontre des médiums. Charges quelquefois intrigantes, voire ambiguës… Ainsi, dans un article paru dans Pall Mall Gazette, il reprend le phénomène des tables tournantes, en avançant une explication relevant purement du paranormal : « (…) Je pense qu'il doit y avoir eu quelque force psychique ou nerveuse neutralisant les lois de la gravitation. » (In Mr. Maskelyne and the spiritualists, 23 avril 1855). La même année, l’Amérique allait voir arriver (via l’apport technologique du daguerréotype) une nouvelle forme de nécromancie, véhiculée par les médiums dits photographiques (William H. Mumler, 1832–1884, faisant figure de pionnier). En France, il faudra attendre 1870 pour découvrir les dérives engendrées par ces trucages : Pierre Gaëtan Leymarie (1817-1901) et sa Société Spirite vont populariser et financer le photographe Édouard Isidore Buguet (Attraction médiumnique, 5, bd Montmartre, à Paris) capable à l’insu (?) de ses commanditaires de faire apparaître l’esprit invoqué grâce aux plaques de verre. (Il s’agissait de superposer, au développement, une silhouette floue obtenue depuis un mannequin sur le décor de base). Ce croisement subtil est l’aboutissement moderne des empiriques lanternes magiques (voir notice) et autres fantasmaparastasies déjà mises en exergue par le magicien belge Etienne Gaspard Robert dit Roberston (1764-1837, voir notice). Dès 1872, l’expression « photographe spirite » entre dans le vocabulaire des occultistes de salons, générant dès lors, comme pour chaque science établie, un florilège de passionnés et de spécialistes, dont l’expert Alexandre Aksakof (1832-1903, conseiller impérial à la Cour de Russie). D’autres photographes, mais aussi des artistes « médiums » graveront leurs noms dans des clichés à la gloire de l’entité : Eugène Thiebault (né en 1825), Sven Türk (au Danemark, dans les années 50), Albert von Schrenck-Notzing (1862-1929, en Allemagne)… Il ne reste plus rien de cette mode de l’au-delà aux couleurs Sépia, tombée aujourd’hui en désuétude. Pourtant, cette intrusion dans l’univers du fantastique servit de préambule technique à une série de trucages développés par George Méliès (1861-1938) et Gaston Velle allant jusqu’à l’usage « du vert », devenu incontournable dans l’univers des superproductions cinématographiques. Bibliographie : J. Finot, La photographie transcendantale (les esprits graves et les esprits trompeurs), Revue des Revues, pp. 133-141, avril 1896. M. Milner, La Fantasmagorie. Essai sur l’optique fantastique, Paris, Presses Universitaires de Giordana Charuty, in Terrain, n° 33, septembre 1999, La Boîte aux ancêtres, Photographie et science de l’invisible, pp. 57-80. Catalogue de l’exposition Le Troisième œil, la photographie de l’occulte, du 3 novembre 2004 au 6 février 2005, Maison Européenne de la Photographie, Ville de Paris. © Un Tour du Monde de la Magie et des Illusionnistes, Richard Raczynski. Les reproductions totales ou partielles des notices du blog Reflets du Passé sont soumises au droit d’Auteur.

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