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Reflets du Passé

Actualité de l'auteur et de sa collection aux éditions Dualpha, ayant vocation à exhumer des textes toujours d'actualité. Thèmes abordés : Magie,illusionnisme, prestidigitation, ésotérisme. Pour tous contacts avec la rédaction de ce blog, pour poser vos questions, et pour être averti de nos nouvelles mises en ligne : refletsdupasse@gmail.com Attention tous les textes mis en ligne sur ce blog sont soumis au Droit d'Auteur.

lundi 18 août 2014

COLIBRI à Paris (1855).



50, rue de Malte, adresse de l’ancienne Salle de l’Alhambra (lieu qui connu diverses appellations).
Où l'on reparle de COLIBRI...
Extrait de Paris, Capitale de l'Art Magique de Richard Raczynski, éditions Dualpha, Paris, 2014 :

Cette salle connue des programmations pour le moins éclectiques à l’image du prince Colibri (1830-1862) : un nain français, artiste forain, présenté comme « un physicien », sur une affiche (datée de 1855), conservée dans le fonds de la Bibliothèque Nationale (Collection BNF, notice 41431587), sur laquelle on peut lire : « Le prince Colibri, physicien, nouvelle séance par le nain Colibri, âgé de 25 ans et pesant 8 kilos ».

« Colibri » s’applique dans le langage courant de l’époque, à un nom masculin identifiant « une espèce de petit oiseau des Indes », mais peut également désigner : « le nain colibri ».

Si l’Almanach Normand nous renseigne sur l’année de son décès « (…) Parmi les individus excentriques qui sont morts en France en 1862, on doit citer le géant Murphy et le nain Colibri. Les géants sont un écart de la nature par excès, les nains sont une anomalie par défaut ».

Ce prince qui inspira phonétiquement Cham (né de Noé, 1818-1879) avec un roman imagé (ancêtre de la bande dessinée) destiné à la jeunesse : Histoire du prince Colibri et de la fée Caperdulaboula (dans la collection des Jabots) en 1842 (sans lien avec les forains).

Sur ses prestations, nous retrouvons plusieurs articles de presse, qui peuvent chronologiquement nous démontrer la vogue des spectacles de personnes présentées comme des « anomalies de la nature », voire des phénomènes, souvent en couple (même s’il s’agit d’une même fratrie).

La Gazette des Tribunaux et Le Droit, daté du 27 avril 1850, met en lumière la guerre commerciale que se livraient les entrepreneurs de spectacles forains, autour de l’appellation « Colibri » :

« L’Amiral Tromp et le prince et la princesse Colibri- Monsieur Hermann contre Messieurs Douchet et Smith.

Tribunal de Commerce de la Seine 26 avril 1850, Monsieur Vernay Président, Me Petitjean agréé de Monsieur Hermann, Me Amédée Lefebvre agréé de Messieurs Douchet et Smith.

Les faits de la cause ressortent suffisamment du jugement ; le Tribunal en ce qui touche la demande principale : Attendu que le nain présenté au public par Hermann est généralement connu sous le nom de l’Amiral Tromp ; que si dans une pièce dramatique il a rempli le rôle d’un personnage appelé Colibri, il ne s‘ensuit pas que ce nom lui appartienne publiquement ;

« Et attendu qu’il est justifié que précedemment les nains connus sous les noms de prince et princesse Colibri étaient arrivés à Paris et que des démarches avaient été faites pour obtenir de l’autorité la permission de donner des représentations sous le nom de prince et princesse Colibri. Que dès-lors le demandeur est sans droit pour se plaindre d’une usurpation de nom ;

En ce qui touche la demande reconventionnelle :

Attendu que Monsieur Hermann en vue d‘une concurrence déloyale a donné à son nain, le nom de Colibri, qu’il n’avait pas porté ce nom jusqu’au moment de l’arrivée des nains dont Douchet et Smith se proposaient de faire l’exhibition.

Qu’il en résulte pour Douchet et Smith, un dommage dont il leur doit réparation et que le Tribunal d’après les éléments d’appréciation qu’il possède fixe à 300 francs, à titre de dommages et intérêts. Lui fait défense de donner à son nain le nom de Colibri sous peine de 50 francs pour chaque contravention constatée et le condamne en tous les dépens ».

Effectivement, ils purent se produire le mois suivant au Jardin d’Hiver, le dimanche 31 mars 1850, le quotidien La Presse (du 11 mars 1850) s’en fait l’écho : « (…) Dans la salle de l’Alhambra, à l’hôtel des Princes, Colibri et la Princesse (sa sœur) répétaient des exercices qui feront courir tout Paris : un menuet, une polka, des poses plastiques et équestres. Il est impossible de ne pas sourire en voyant ce petit coupé traîné par des chevaux qu’on porterait sous les bras, ce chasseur haut comme une botte, cet énorme cocher de quelques pouces, ce tout petit équipage lilliputien qui semble sorti d’une boîte de jouet de Nuremberg ».

La Mode : revue des modes, précise qu’un géant fait partie du spectacle : « Le Jardin d’Hiver a donné dernièrement un grand concert où l’on a entendu les Pirates du Danube. Depuis quelques jours, la foule s y presse pour y voir accouplés ensemble, le nain Colibri et le géant colossal du café de Mulhouse ».

Dans l’aspect légendaire et symbolique des arts alliés, au royaume de la foire et du cirque, les nains sont souvent qualifiés de princes.

Après les avoir applaudis comme danseurs, La Presse dans son édition du 17 juin, pointe l’aspect pluridisciplinaire du couple, capable de se muer en comédiens : « (…) Ils allaient également jouer dans Les Nains du roi, vaudeville en un acte par Carmouche et Clairville, créé aux Variétés le 16 juin 1850 ».

Toujours dans la capitale, on peut les voir au Théâtre de la Porte Saint-Martin dans le cadre d’un grand bal proposé aux enfants avec une tombola comique « dont les lots seront distribués par le Prince et la Princesse Colibri—Polka nationale de Bohème dansé par le Prince et la Princesse Colibri, les plus petits nains qui aient parus jusqu’a ce jour » (in Bibliothèque de l’Opéra, 1850).

Tous ces témoignages corroborent l’extraordinaire petitesse des interprètes n’évoquant aucune homonymie antérieure.

Le Précis historique (1871) édité par la communauté des Jésuites cite « la Première communion d’un prince Colibri » (en mars 1870) et « l’Œuvre des Saltimbanques » à Gand.

Ce texte nous renseigne aussi sur « une communauté de petits artistes » d’une trentaine de personnes.

Dans Paris, les bateleurs semblent couramment associer le nom « Colibri » à l’imaginaire des lilliputiens, comme le démontre l’extrait, de la pièce Souvenir de la foire, du professeur de rhétorique au lycée d’Alençon, Alcide Genty, campant décor et personnages :

C’était sans contredit une belle baraque.

Sous son archet, souvent frotté de sandaraque,

Ivre comme un sapeur et suant comme un bœuf,

Un Arlequin raclait quelques airs de Pont Neuf,

Et devant les bourgeois ébahis, un Paillasse,

Barbouillé de farine et coiffé de filasse,

Lorsque le violon se taisait un moment,

En termes peu choisis faisait le boniment

Entrez, entrez messieurs ! Entrez, entrez mesdames !

Un spectacle pareil se passe de réclames,

Pour dix sous, vous verrez le prince Colibri,

Un nain superbe fort splendide bien nourri,

Qui pèse sept kilos, parle cinq ou six langues,

Et quand je suis pochard, compose mes harangues ».

(In Recueil de l’Académie des Jeux Floraux, 1869).

L’historien Jacques Garnier, dans son ouvrage Forains d’hier et d’aujourd’hui (1968), relate la baraque à l’enseigne « des deux merveilles » proposant « Le prince Colibri et la Belle colosse tyrolienne », précisant que le prince était alors âgé de 17 ans et mesurait 60 centimètres, pour 10,5 kilos. En dévoilant sa naissance à Levland en Russie (62 centimètres pour 4 kilos) en 1883, il prouve une nouvelle fois que le patronyme avait survécu à l’artiste du milieu du XIXe siècle (à la lueur d’éléments plus récents, il s’agissait de Dimitri Ossopoff).

En Angleterre, on peut applaudir « The Royal American Midgets » au Piccadilly Hall (vers 1880), et en 1885, dans le cadre du spectacle « Harvey’s Midges, the smallest people in the world », le couple Princesse Lottie (née en 1869) et Prince Midge (né en 1868).

Dans le même esprit, citons « les Théâtres lilliputiens, dont celui de Miss Colibri » cité vers 1880 par les intervenants Jean-Paul Hervieu, Gilles Désiré dit Gosset, Éric Barré, dans Fêtes et réjouissances populaires en Normandie en 2000.

Un théâtre que l’on retrouve en Angleterre : The Princess Colibri Circus (illustré par André Castaigne, 1861-1929).

La revue Nature de 1899, évoque trente-sept années après le décès du premier Colibri, un autre homonyme : « Nos collaborateurs présentaient aux lecteurs de La Nature un nain très curieux qui semblait être un nain de nain, le Prince Colibri, et s’exhibait dans les foires, à côté d’un géant ».

Une période durant laquelle l’impresario français Maréchal reprend le flambeau d’un nom « connu », en parcourant les routes de France avec Les Colibris (couple de nains béarnais, mesurant chacun 65 centimètres pour 7 kilos) accompagnés du géant Antonin, âgé de 17 ans (2 mètres 25).

Ils iront dans de nombreuses foires européennes, en Grande-Bretagne, où une carte postale en anglais représente « Henri Cot The French Giant, and Prince Colibri the Midget » aux côtés d’un homme de taille normal, mais aussi en Belgique et en Allemagne.

Cette dynastie Colibri reste ici incomplète, alors que les derniers artistes recensés seraient Pierre Le Grande (né en Hollande en 1926) dit Prince Colibri, et le Prince Kollibri (né Max Zaborsky, en Autriche en 1963).

Le lieu se retrouve de nouveau associé à la magie de 1904 à 1925.

On vient y applaudir un panel d’artistes très variés :

Trapézistes, jongleurs, professeur de physique amusante, ventriloque, mentalistes, transformistes, danseurs, mimes, clowns, lilliputiens.

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