samedi 26 mai 2012
MEDIUMS et ILLUSIONNISME
L’insertion d’une notice sur les médiums tient pour une large part, à une mode datant du XIXe siècle qui se propagea de l’Europe aux Etats-Unis.
Entre le spiritisme français d’Hippolyte Léon Denizard Rivail dit Allan Kardec (1804-1899), et la ténacité du magicien anglais John Nevil Maskelyne (1839-1917, voir notices) véritable spécialiste en subterfuges de tout genre, un large éventail de curiosités s’offrait alors aux spectateurs de la belle époque, allant (à titre d’exemple) d’Anna Eva Fay (1851-1927, voir notice), La grande prêtresse des Mystères, à Karl Germain (1878-1960, voir notice) et sa sœur Ida.
Historiquement, on observe chez les professionnels de l’Art magique deux attitudes scéniques antinomiques affichées envers le public par des numéros dits de médium : l’une jouant sur la crédulité, en essayant d’imposer une forme diffuse de supériorité de type paranormal liée à des dons (qui restent encore et toujours à démontrer), et une autre, plus conventionnelle, reposant uniquement sur l’utilisation assumée de trucages non divulgués.
Les médiums seraient-ils, à leur insu et depuis toujours, des représentants d’une forme de magie du spectacle ?
Nombreux sont les magiciens ayant essayé de percer les pseudos mystères des médiums, ou inversement à avoir intégré rapidement dans leurs « classiques » certaines techniques (comme la ventriloquie) issues de séances médiumniques dévoilées.
L’honnêteté intellectuelle doit donc être de mise, en précisant qu’il s’agit là d’un registre « surnaturel » strictement encadré, par extension nommé illusionnisme.
Le magicien illusionniste Remy (membre du jury au Concours International de Prestidigitation du 5 juin 1909) signe un rapport sans concession dans son étude Spirites et Illusionnistes, Conférences faites à la Chambre syndicale des Illusionnistes de France, A.Leclerc, 1911.
Le comte Paul-Alfred de Saint Genois du Grand-Breucq (1857-1939, dit professeur Dicksonn, voir notice), revient en 1917, dans La Vérité sur le spiritisme et l’exploitation de la crédulité sur certains « médiums ». Citons parmi ces figures de la mystification paranormale : l’Ecossais Daniel Douglas-Home en 1857 (1833-1886, voir notice), Ira et William Davenport en 1865, Carancini en 1913, et Eusapia Palladino (1854-1918).
Harry Houdini (voir notice) reste sans conteste, l’artiste le plus engagé contre cette confrérie de « pseudos -spiritualistes », d’où le ralliement de certains auteurs à la thèse d’une disparition du Roi de l’évasion due à un empoisonnement, qui serait imputable à l’un d’entre eux.
Indépendamment des personnalités atypiques de ce monde de l’apparat, il faudrait revenir sur l’importance de la mise en scène : chez les incontournables professionnels de l’au-delà citons l’utilisation du noir, permettant généralement aux assistants de déplacer les câbles et autres tirettes, sans oublier les « trompettes à esprits » souvent fluorescentes servant à propager les sons indistincts émis par le monde des revenants.
Ces phénomènes auditifs (grésillements, raclements, souffles, crépitements, bruits de pas) suggérés depuis des tubes reliés à des caissons (à la manière des jarres des temples égyptiens et grecs), seront remplacés, au fil du temps, par de la fibre optique et des effets photos voltaïques.
Dans leur engagement pour la démystification des trucages utilisés dans les phénomènes parapsychologiques citons notamment : Henri Broch (physicien) avec son ouvrage Le Paranormal, Ses documents, Ses hommes, Ses méthodes, James Alcock (psychologue canadien) avec Parapsychologie, Science ou Magie ?, Isma Visco (voir notice) et ses conférences démonstrations, Martin Gardner (1914-2010, fondateurs du scepticisme scientifique aux Etats-Unis) avec Les Magiciens démasqués.
Bibliographie :
F-A Gandon, La Seconde vue dévoilée, dernier coup porté aux sorciers et aux sortilèges, Paris, chez les marchands de nouveauté, 1849.
Jean-Nicolas Ponsin, La Sorcellerie ancienne et moderne expliquée, Paris, Librairie Encyclopédique de Roret, 1858.
Revue Spiritualiste, tome 2, 1859.
J.C.F, Zoellner, Transcendental Physics. Boston, Colby & Rich, 1881.
Harry Hermon, Hellerism, Second-Sight Mystery, Supernatural Vision or Second-Sight
A Complete Manual for Teaching this Peculiar Art, 1884.
L’Illusionniste, n° 6, Subterfuges des faux médiums et faux spirites, 1902.
M. Remy, Spirites et illusionnistes. (Conférences faites à la chambre syndicale des illusionnistes de France), Paris, Leclerc, 1911.
Léon Denis, Dans l’invisible, Spiritisme et Médiumnité : Traité de spiritualisme expérimental, les faits et les lois, Librairie des Sciences Psychiques, Paris, 1911.
La Vérité sur le spiritisme et l’exploitation de la crédulité, 1917.
Lucien Roure, Le Merveilleux Spirite, Paris, Beauchesne, 1919.
Aimo, La voyante, Un livre qui ne se prête pas, Paris, s-d.
Brignogan, La sorcellerie amusante, Paris, Louis Chaux, s. d.
Paul Heuze, Fakirs, fumistes et Cie, Paris, éditions de France, 1926.
Dicksonn, (comte Paul-Alfred de Saint-Genois de Grand Breucq, 1857-1939, dit), Médiums, fakirs et prestidigitateurs, Paris, éditions Albin Michel, 1927.
H. Price, Rudi Schneider : A Scientific Examination of His Mediumship, Londres, éditions Methuen & Co, 1930.
J. Mulholland, Beware Familiar Spirits, New York : Charles Scribner’s Sons, 1938.
Jules Dhotel (dit Hedolt), in Deux conférences sur la prestidigitation : Médiumnités, fakirisme et transmission de pensée, Paris, A. Mayette, 1948.
Robert Tocquet, Tout l’Occultisme dévoilé, médiums, fakirs, voyantes, Amiot-Dumont, 1952.
R. Ormond et O. McGill, Into the Strange Unknown, 1959.
Walter Gibson, Secrets of Magic, New York : Grosset & Dunlap, 1967.
Eugene Burger, Spirit theatre : reflections on the history and performance of seances, Kaufman & Company, 1986.
P.G. Birdsell, How Magicians Relate the Occult to Modern Magic, An Investigation and Study, Simi Valley, Californie, Silver Dawn Media, 1989.
Jacques Malthête, Michel Marié, Georges Méliès, l'illusionniste fin de siècle ?, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 13-22 août 1996, Presses Sorbonne Nouvelle, 1997.
Figures loufoques à la fin du XXe siècle, Art et Littérature, sous la direction de Jean-Pierre Mourey et Jean-Bernard Vray, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2003.
Photo : L'esprit s'amuse - Constance Cummings, Rex Harrison, Hugh Wakefield.
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